— 5 avril 2023 | Portrait
Ensemble, nous sommes Ubisoft Québec : Akim, artiste de capture
Partir de Toronto pour venir s’installer à Québec, c’est une chose, mais le faire en mars 2020, une semaine avant qu’une pandémie mette le monde entier sur pause… ça en est une autre !
Le moins que l’on puisse dire, c’est que l’arrivée dans la Capitale-Nationale d’Akim Milne, artiste de capture chez Ubisoft Québec depuis maintenant trois ans, n’a pas été de tout repos.
« Je venais de mettre toute ma vie dans un baluchon, mon épouse restait à Toronto. Donc, j’emménage ici, je suis en formation pendant trois jours et ensuite on me dit qu’on doit trouver une toute nouvelle façon de travailler, parce que plus personne ne peut venir au studio ! C’était assez fou », se remémore le sympathique Torontois entre deux éclats de rire.
Akim a donc passé ses premiers mois en tant que Québécois confiné dans son appartement du Vieux-Québec, avant de découvrir, quartier par quartier, tous les trésors (plus ou moins) cachés que renferme la ville.
« C’était comme dans un RPG ! Je suis arrivé au niveau 1, puis la carte s’est graduellement déverrouillée. Chaque mois, j’avais accès à une nouvelle zone », rigole-t-il.
Cet accueil pour le moins rocambolesque ne l’a cependant pas empêché de tomber en amour avec la ville, de s’installer officiellement avec sa douce moitié en basse-ville… et de rapidement devenir un joueur clé des équipes marketing de notre studio.
Changer de cap
En tant qu’artiste de capture, Akim est l’architecte derrière bien des bandes-annonces de gameplay d’Ubisoft Québec. Concrètement, il capte et fait le montage de séquences de jeu, à la manière d’un cinéaste qui prend des images sur le terrain, avant d’en faire l’édition pour les présenter au public.
« Un bon exemple de ça, et le premier projet majeur sur lequel j’ai travaillé, c’est le dévoilement du gameplay d’Immortals Fenyx Rising. C’était une œuvre gigantesque de 10 minutes qui présentait le monde du jeu, qui avait de la narration et qui montrait de nombreux systèmes, sa structure et son combat. Toutes ces séquences de jeu avaient été chorégraphiées par une équipe, captées par moi, puis montées toutes ensemble pour créer un tout cohésif », décrit-il.
Avec le retour en présentiel au studio des derniers mois, on le voit aussi souvent caméra à la main, documenter les activités spéciales d’Ubisoft Québec, en plus du processus de création qui anime nos équipes chaque jour.
Inconditionnel de cinéma et de toute la démarche artistique qui s’y rattache, c’est un quotidien quasiment taillé sur mesure pour Akim, qui, enfant, s’imaginait déjà tourner des films en jouant avec ses figurines, avant de multiplier les productions amateur au secondaire.
Cela dit, le Torontois raconte avoir bien failli emprunter un tout autre chemin professionnel… celui de la médecine !
Étudiant au baccalauréat en science, kinésiologie et science de l’exercice à l’Université York, Akim était initialement destiné à traiter des humains… plutôt que des images.
« Ma voie avait toujours été la médecine. C’est ce que mes parents m’avaient inculqué dès mon plus jeune âge et j’y tenais beaucoup. J’avais une passion pour le cinéma, mais, plus jeune, je n’avais pas l’impression que je pouvais gagner ma vie avec ça », mentionne-t-il.
Cela dit, lorsqu’est venu le temps de demander à ses professeurs des lettres de recommandation pour les envoyer à des écoles de médecine, l’un d’entre eux l’a arrêté net et l’a questionné franchement : « Akim, pourquoi veux-tu devenir médecin ? ».
« Personne ne m’avait vraiment posé cette question avant et je n’avais pas vraiment une bonne réponse. Il m’a dit : “c’est un cours en quatrième année de premier cycle et tu as soumis trois projets de courts-métrages… j’ai l’impression que ce n’est peut-être pas ta voie” ».
S’en est suivi une rencontre avec la directrice de la faculté de cinéma de l’université et, une maîtrise plus tard, « the rest is history », comme disent les anglos.
« J’étais convaincu que je voulais être médecin et tout ce que ça a pris, c’est un très gentil professeur qui m’a mis sur la bonne voie. Et pour ça, je lui en suis immensément reconnaissant », souligne Akim.
Scientifique un jour, scientifique toujours
Reste que la fibre scientifique, elle ne s’est pas cachée bien loin chez Akim. Curieux et méthodique, il n’est pas du genre à tourner les coins ronds. Il aime aller au fond des choses et résoudre des problèmes, ce qui s’avère de grands atouts pour un artiste de capture comme lui.
Donner un aperçu du gameplay d’un jeu peut paraître simple en surface, mais cela implique habituellement plusieurs mois de travail et bon nombre d’intervenants. Pour livrer une vidéo étoffée d’un titre encore en développement, il faut ainsi se montrer minutieux et débrouillard.
« Tout ce que l’on fait doit avoir un certain niveau de poli et un certain niveau de finition, mais d’un point de vue réaliste, dans le développement de jeux, c’est quelque chose qui est possible seulement très loin dans le processus. Et même quand c’est possible, tu dois constamment anticiper les problèmes, les bogues et les choses qui ne fonctionnent pas. Donc, une grande partie du travail, c’est d’être créatif et de réagir à tout ça », précise Akim.
Après ça, pour obtenir une bande-annonce qui sera appréciée du public et qui saisira bien l’esprit du jeu, il suffit selon lui d’être attentif. D’une part, être attentif à ce que les joueurs veulent voir et, d’une autre, être attentif à la vision et l’expertise de ses collègues.
« La vraie recette gagnante, c’est d’écouter tout le monde sur les différentes équipes — ce sont elles et eux les expert·es du jeu — et d’intégrer le tout dans une seule et même vision », explique l’artiste de capture.
Perfectionner la recette… tout en cassant le moule
Akim ne s’en cache pas : il est membre du club des éternels perfectionnistes, que ce soit au travail ou dans la vie de tous les jours.
Un exemple parmi tant d’autres : passionné de jeux vidéo, il a excellé pendant plusieurs années comme joueur compétitif de Counter-Strike. Cela dit, plus récemment, Akim a jeté son dévolu sur une autre discipline, avec la perfection encore une fois en ligne de mire : la cuisine !
« Je crois que bien des gens mettent énormément d’efforts à cuisiner des plats grandioses. Des plats qui te prennent quelque chose comme quatre jours à faire. Et c’est parfait comme ça ! Ça demande énormément d’efforts. Mais personnellement, je m’efforce à faire autre chose complètement, en me demandant comment je peux cuisiner quelque chose de très simple, mais parfaitement », affirme-t-il.
« Comment est-ce que je peux faire la parfaite soupe poulet et nouilles ? Le chili parfait ? La tourtière parfaite ? C’est aussi une question d’à quel point je peux le faire rapidement. Mon premier objectif en commençant à cuisiner, ce n’était pas de maîtriser mes saveurs… mais plutôt de maîtriser mon couteau ! Une fois que j’ai réussi à couper un oignon en 20 secondes, je sentais que je tenais quelque chose », détaille Akim.
En ce sens, il y voit un parallèle avec son travail d’artiste de capture, où l’efficacité et la maîtrise des différentes techniques jouent aussi un rôle primordial.
« C’était similaire quand j’ai commencé à faire du montage. Quand j’ai fini par maîtriser tous mes raccourcis et coupé de moitié mon temps d’édition, je sentais, de la même façon, que je tenais quelque chose. Je crois que plus que tu maîtrises les techniques, plus que tu peux passer de temps à être créatif, souligne-t-il. C’est un peu quétaine à dire, mais tu dois connaître les règles avant de pouvoir les briser. »
Être un excellent technicien, mais se montrer tout autant créatif. Respecter la vision des autres, mais être assez audacieux pour y insuffler son propre sens artistique. Voilà en quelques mots ce qui propulse le travail d’Akim.
Ça et la joie toute simple de voir les autres apprécier ses réalisations.
« Ce que j’adore quand je cuisine, c’est regarder quelqu’un manger ce que j’ai fait. C’est la même chose au travail quand je fais du montage. Le meilleur, c’est de voir les commentaires positifs quand on présente une vidéo à l’interne. De savoir que j’ai réussi à mettre en image ce qu’ils avaient en tête », résume-t-il.
« C’est là que je sais que tout ce travail en a vraiment valu la peine. »
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